Notre planning est ensuite perturbé par l’arrivée de petits problèmes de santé. C’est Emile qui prend la tête avec une gastro carabinée accompagnée de fièvre. Vingt quatre heures plus tard il sera sur pied, vient ensuite Simon et enfin Steph qui passera l’entièreté de la nuit enfermée dans la salle de bain. Nous aurons ensuite quelques jours de répit…La nourriture en Birmanie est moins soignée qu’en Thaïlande et certainement moins adaptée à nos estomacs. Evitons dorénavant de nous nourrir dans la rue ou d’attaquer des plats trop épicés.
Une fois remis sur pied, nous programmons notre sortie parmi les ethnies de la région.Il existe bel et bien des tours organisés par les hôtels mais qu’en est-il de l’authenticité de ces visites? L’ouverture de cette région aux touristes est assez récente. Il y a encore deux ans, il était nécessaire d’y venir en compagnie d’un guide et d’une autorisation écrite. Ce n’est heureusement plus le cas aujourd’ hui.
Atteindre la ville de Loikaw n’a pas été chose facile, nous sommes sortis quelque peu de la voie touristique (descente en pirogue du Lac Inle (5h) passage par Pekon (attente 3h) et bus “local”/minivan ( 2h00)). Espérons que nous ne soyons pas déçu…
C’est en montant dans le minivan que nous rencontrons trois jeunes « bakpakkers » français, ils voyagent depuis plus d’ 1 an et sont super sympas. Ils viennent aussi pour rencontrer les ethnies et n’ont encore aucune idée de la façon dont ils vont s’y prendre. Nous les recroisons 2 jours plus tard dans notre hôtel. Entretemps, ils ont fait la rencontre tant espérée avec les femmes- girafes et nous transmettent les coordonnées de leur guide, elle-même originaire de l’ethnie Padaung, Carolin WaiWaihlaing. Elle est joignable via Facebook et est très réceptive. Notre toute jeune guide officielle de 22 ans prend son travail très à coeur, son anglais est parfait. Bookée la veille par téléphone, elle est à 9h pétante à notre hôtel. La journée promet d’être riche en rencontres humaines.
En route, nous faisons un arrêt au lac Ngwedaung Chaung, deux éléphants y sont présents pour promener les touristes. Aucun des trois enfants ne jettera un oeil sur ces deux pauvres éléphants présents pour animer la galerie, seul Simon exprimera le regret de voir ces pauvres pachidermes promener des touristes sur le dos.
Quelques mètres plus loin, nous rencontrons quelques femmes-girafes et leurs enfants. Elles ne demandent qu’à être photographiées en échange de quelques “euros”. Notre guide nous explique que c’est encore le choix de certaines d’entre elles de passer la journée ici pour gagner leur vie. Elles privent par la même occasion leurs enfants d’école et donc d’éducation. D’autres encore, sont aussi présentes dans le nord de la Thaïlande forcées de quitter le territoire Birman dans les années 70 sous la pression de la dictature, résolue à donner un visage plus occidental au pays. Parquée dans ces camps, elles n’ont aucun statut si ce n’est de réfugiés politique. Certaines d’entre elles sont donc rentrées dans leur région d’origine, et d’autres sont restées et acceptent leur sort, celui d’être réduit à des “bêtes de foire”. Certaines n’ont sans doute pas d’autres choix. La ligue des droits de l’homme déplore cette situation et déconseille vivement aux touristes de s’y rendre pour éviter d’alimenter ce “commerce”.
Nous quittons les lieux sans prendre de clichés. Carolin nous dépose ensuite dans un petit magasin où elle nous suggère d’acheter quelques présents pour les femmes de la tribu des Karen, les femmes au long cou que nous rencontrerons. Le principe nous plait, en échange de quelques sourires et de quelques mots échangés, nous leur donnerons des produits de première nécessité: huile, et poudre à lessiver. Les garçons convaincus d’y rencontrer des enfants achèteront des paquets de bonbons. Après une heure de route en minivan, nous nous arrêtons devant une maison: ses habitants s’y affairent. C’est la saison de la récolte du riz dans la région, de nombreuses bâches posées à même le sol accueillent le riz pour le sécher au soleil.
Nous y rencontrons la première femme au long cou, elle a plus de 70 ans et vit avec les siens, elle a eu 12 enfants dont 4 sont morts à la naissance. Elle est toute gênée car nous arrivons à l’improviste. Elle va rapidement se laver le visage avant de nous recevoir dans la pièce principale de la maison dans laquelle brûle un feu sur lequel grillent de petits poissons destinés à la consommation privée. Notre interlocutrice est peu loquace et impressionnée par notre présence. Nous apprenons néanmoins qu’elle n’a pas choisi son “sort” car les anneaux lui ont été posés lorsqu’elle avait 5 ans. Aujourd’hui elle ne peut pas dire qu’elle est heureuse de les porter mais serait sans doute malheureux de ne plus les avoir. Les anneaux pèsent en moyenne 20 à 30 kilos et l’empêchent de faire certains mouvements naturels. Elle ne les enlève pas pour dormir et en porte également au dessus des chevilles. La légende raconte qu’à l’époque, les femmes portaient ces anneaux pour se protéger des tigres de la région. Une autre légende raconte également qu’il y a des années, une femme de la région a décidé d’aller vivre auprès des dragons et que pour ressembler davantage à l’animal elle s’est fait mettre des anneaux pour allonger son cou et ressembler davantage à l’animal. Il ne s’agit là que de légendes mais cette croyance s’est transmise de génération en génération. Tradition devenue ancestrale mais qui risque bien de se perdre avec le temps car les jeunes femmes les portent de moins en moins. On raconte également que les petites filles nées les mercredis de la pleine lune sont destinées à les porter.
Notre visite est assez rapidement bouclée. Nous nous arrêtons ensuite dans une autre maison, trois femmes- girafe sont à l’extérieur, occupées à discuter. L’accueil y est davantage chaleureux. De nombreux fou rire et de jolis échanges de regards. Nous apprenons encore que les spirales portées par les femmes ne sont pas posées sur le cou mais sur les clavicules elles mêmes posées sur les vertèbres et donc que ce n’est pas le cou qui s’allonge.
De petits enfants sont également présents autour d’elles. C’est l’occasion pour Simon et Robin de leur offrir les sucettes achetées quelques heures plus tôt. Nous y laissons également quelques T-shirts d’Emile et de Bert. Nos hôtes sont bien contents.
Juste en face, les enfants d’une petite crèche nous font signe. Nous nous approchons et organisons une distribution de bonbons. Pour nous remercier, ils entonnent un petit chant et nous font une petite danse. Nous répondons par la chansonnette “tête, épaule et genoux pieds », le tout en néerlandais 🙂.
Nous poursuivons notre parcours après un lunch au milieu des champs de sésame. Cette fois, nous allons à la rencontre de l’une des nombreuses autres tribus de la région, les ethnies Kayah. Nous sommes accueillis une fois de plus par des femmes plus âgées qui perpétuent la tradition de leur état, à savoir de ressembler à l’emblème de l’oiseau Kinnaree: une femme au corps d’oiseau. C’est ainsi qu’elles portent des anneaux assez serrés sur la partie allant du genoux au milieu du mollet ( pour rappeler les pattes d’un oiseau) que des piercing avec de poids relativement lourds aux oreilles. Certaines nous ferons une petite démonstration de tissage du coton, je vais d’ailleurs m’y coller et c’est un vrai désastre. Robin et Simon s‘en sortent même mieux. Une petite démonstration de musique et de lancé à l’arbalète. Quant à Bert, il goûte pour la première fois la fameuse chique de bétel machée par la plupart des hommes et jeunes garçons en Birmanie. La noix d’arec, communément appelée bétel est le fruit du palmier à bétel. Cette noix écrasée en morceaux et mélangée à une pâte de chaux vive ( corail, coquille de mer ou escargot) mélangée à des clous de girofles et emballé dans une feuille de bétel. Une fois en bouche, elle a un effet anesthésiant et également légèrement euphorisant voire excitant comme la café. Ca donne une salive rouge et après un moment quand la chique n’a plus de goût, vous la crachez à même le sol. Les trottoirs et rues en gardent d’ailleurs les stigmates. Selon des études, 51% des hommes en consomment en Birmanie contre 16% des femmes. Au même titre que la cigarette, la noix d’arec est cancérigène et à l’origine de nombreux cancers de la bouche. Hélas, aucune campagne de prévention n’existe pour sensibiliser les habitants d’un des pays les plus pauvres d’Asie où le système de santé a été fortement négligé pendant des années sous la junte militaire. C’est devenu un réel problème de santé publique.
Pour l’anecdote, Bert y a goûté mais n’a absolument pas senti les effets décrits. Est-ce peut-être qu’il boit déjà trop de café que pour sentir cette effet euphorisant. Seul un goût amer s’est incrusté au fond de sa gorge.
Bref, une journée bien chargée sur le plan humain et surtout instructive.
Demain, nous « remballons » une nouvelle fois. Direction Yangon, 16 heures de bus. Précisons que ce sera épique car il s’agit d’un bus classique et non pas couchette. Croisons les doigts pour que personne d’entre nous ne soit malade…Ce qui est surprenant dans notre voyage c’est qu’à aucun moment, les garçons ne se plaignent de la longueur des trajets et dieu sait qu’ils sont lents, parfois bruyants et inconfortables. Pour nous parent, c’est un moment que nous apprécions aussi, nous voyons défiler les paysages, les ambiances et savons que de nouvelles aventures nous attendent. C’est assez grisant comme sentiment.
1 commentaire
Commentaire par Helene
Helene 11 décembre '18 le 14:04
Toujours aussi gai de vous lire , aussi bien Bert en neerlandais que Stef en francais … on attend avec impatiente la suite de vos avantures en Birmanie et en Thaïlande !! Bises a tous les 5